Alifair, groupe originaire de Metz, composé d’Aurore Reichert et Jean Pascal Boffo va fêter ses 20 ans et ça méritait bien qu’on s’y attarde un peu. Alifair c’est 4 albums remplis de morceaux très mélodiques et de beaux textes en français. Un groupe peu connu, hors de la scène locale Lorraine, qu’il faut découvrir ou redécouvrir de toute urgence.
© Thomas Guerigen
Bonjour Alifair, question basique pour vous présenter et vous situer, quelles sont vos influences ?
Jean Pascal: Pour Aurore : Fiona Apple (rires)
Aurore: Oui c’est vrai j’avoue !
JP: Radiohead, King Crimson.
A: Kate Bush.
JP: En fait, en commun, on écoute beaucoup de choses, un peu de “prog”, un peu d'électro, un peu de Jazz. Nos avis convergent souvent.
A: Oui, on a les mêmes goûts.
Comment vous êtes- vous rencontrés ?
JP: On s’est rencontré en 2001 car Aurore est venue enregistrer dans mon studio, avec “T’ai” un groupe dans lequel son père jouait de la guitare. Dans ce groupe, je connaissais bien le batteur, qui, un an auparavant, m’avait parlé d’une chanteuse avec laquelle il bossait en me disant “je suis sur que tu vas être amené à travailler avec elle”. En l'écoutant, j’ai eu tout de suite envie qu’elle pose sa voix sur mes compos, mais je n’ai pas osé lui demander tout de suite, j'étais intimidé. Et puis j’ai eu son père au téléphone qui m’a encouragé à la contacter.
A: Quand JP m’a appelé, je me souviens avoir sauté de joie sur mon lit d'étudiante. Il m’a envoyé par la suite ses compos démo sur un CD. J’ai découvert alors des morceaux, très fournis, qui racontent plein de choses. Je trouvais ça magnifique, mais je ne voyais pas comment y poser ma voix. En fouillant bien, dans tous ces morceaux magnifiques, j’en ai quand même trouvé 2 ou 3, plus simples, plus répétitif et electro, qui m’ont inspirés, et j’ai commencé à écrire dessus. Puis on s’est vu avec JP en avril 2001, et ça a fonctionné tout de suite. Ensuite, pendant 10 ans, on a sorti 4 albums, 2 DVDs de concert et fait tout un tas de belles dates.
Comment fonctionnez-vous ? Qui écrit ?
A: Généralement ça se passe comme ça : j’ai un début de texte, Jean Pascal propose une ambiance et on construit petit à petit ensemble. Malgré les apparences, car nos harmonies peuvent paraître très recherchées, nos chansons sont très spontanées. On ne travaille pas longtemps sur un morceau. C’est un peu comme si l’un terminait la phrase de l’autre, sauf qu’on parle en musique. Pour notre dernier album en date “La lettre vent” (2011) on s’est enfermé au studio Amper, le studio de Jean Pascal, et on s’est mit à écrire. Sauf que cette fois-ci notre spontanéité était encore plus marquée puisque nous avons composé 12 chansons en 12 jours, donc 1 morceau par jour. L'album a donc été créé assez vite, 12 titres et donc 12 jours... Ça n'était pas voulu au départ, mais après les 2 premiers titres composés en 2 journées fructueuses, on s’est pris au jeu. Bon ensuite, les arrangements avec le groupe ont pris plus de temps, mais cet album est né en 6 mois, il est comme tombé du ciel.
Pourquoi le thème du vent sur cet album ?
A: Le vent ça m’est venu en réfléchissant à l’inspiration, celle de la création, et ça m’a fait penser, bien sûr, à celle de la respiration, au souffle, au mouvement intérieur/extérieur, à l’air et donc au vent. La première chanson composée de cet album a été “La rose des vents”, et ce thème m’a paru évident pour la suite.
Alifair, le groupe en live, vous n'êtes pas que deux je crois?
A: Depuis toute petite et jusqu’à mon récent projet solo “Mira Cetii” j’ai toujours eu envie de jouer en groupe. J’en ai parlé à Jean Pascal et il a contacté deux de ses amis, excellents musiciens : Hervé Rouyer à la batterie et Séraphin Palmieri aux claviers. Avec eux, ça a tout de suite fonctionné et ils ont su retranscrire pour les lives, les arrangements faits en studio. Cette formule à 4 est vraiment top et on a bien tourné comme ça.
© Thomas Guerigen
Alifair s’est arrêté, pourquoi ?
A: On a pas vraiment arrêté, on peut plutôt appeler ça une “pause”. On avait mis beaucoup d’espoir et d'énergie dans notre dernier album “La lettre vent”, on l’a même fait masterisé à New York. On pensait vraiment que ça allait “marcher”, et puis au final il n’y a pas eu de retombées. On avait pas conscience de ce qu’il fallait faire, de la communication, le début des réseaux sociaux, l’importance de Myspace, des débuts de Facebook...
JP: On n'avait pas de partenaires, pas de manager, pas de label, pas de tourneur...on faisait tout nous même. On avait le soutien moral et financier de quelques personnes passionnées mais sans vrai suivi non plus...
A: On avait aucun rétroplanning, on faisait ça à l’instinct. Ceci dit on avait tout de même été repéré par Didier Varrod qui avait placé, pendant la durée d’un mois, un des titres de notre toute première démo, dans l'émission Pollen. Suite à cela d’ailleurs un Label à voulu nous rencontrer mais ils ne voulaient signer que moi (la jeune et jolie fille de service), ils trouvaient Jean Pascal et les deux autres musiciens “trop vieux”. J’ai du coup, décliné l’offre, je trouvais ça tellement bête et je ne me voyais pas faire sans eux. Aujourd’hui, je me dis que j’aurais peut-être dû accepter et qu’une fois dans la place j’aurais réussi à les faire entrer....Je ne sais pas, en tout cas c’est dommage que les labels voient les choses par ce biais. Bref, on arrivait pas à se vendre et moi, par exemple, j'avais toujours peur de dire “regardez ce que je fais, c’est bien”... Suite à tout ça, je vivais aussi la fin d’une relation personnelle difficile et je n’avais plus envie de rien.
Ensuite, vous avez tout de même réalisé un projet pour les enfants.
A: Oui après ces hauts et ces bas, nous avons continué à travailler ensemble et nous avons
effectivement, créer un spectacle musical destiné aux enfants : “L’oiseau feuillu”. Mais Jean Pascal, en homme de l’ombre qu’il est, n'était pas vraiment motivé pour “jouer” un personnage sur scène. Le projet était alors en perte de vitesse, or, il se trouve que nous avons obtenu une résidence, un peu inattendue pour cet "oiseau feuillu”. Nous avons alors décidé que Jean Pascal ne serait plus sur scène mais s’occuperait du son, en coulisses. Du coup, ça a bien fonctionné, nous avons finalement tourné pendant 2 ans avec ce spectacle, à trois, aidé par Jacqueline Mangin aux créations lumières. En parallèle à cette période, je commençais à développer mon projet perso Mira Cetii, Jean Pascal avait lui aussi ses projets persos et du coup, notre collaboration s'épanouissait bien dans ce spectacle pour enfant.
JP: Mais en fait, avec Aurore, nous n’avons pas cessé de collaborer ensemble. Il y a eu ce projet “L’oiseau Feuillu” mais aussi le projet d’un excellent musicien, Jo Cimatti, sur lequel Aurore à posé sa voix, et puis je l’ai aidé à réaliser son premier EP en tant que “Mira Cetii”.
Et toi Jean Pascal au niveau personnel ?
JP: Depuis “La lettre vent”, le dernier album d’Alifair, j’ai, de mon côté, fait 4 albums, ce qui fait 14 albums en tout depuis mes débuts en 1986. En fait, je bosse aussi en tant qu’ingé son au Studio Amper. C’est un peu ma base. Comme on l’a dit plus haut, c’est là que j’ai rencontré Aurore et c’est là que je rencontre pas mal de musiciens avec lesquels je bosse ensuite. C’est vraiment super, parce que comme je suis trop timide pour aller vers les gens, et bien au Studio, ce sont les gens qui viennent à moi.
Et donc les 20 ans d’Alifair ?
A: Et bien comme l’a dit Jean Pascal, on a continué à se voir régulièrement et on parlait de ça, des 20 ans d’Alifair, parfois avec humour... et puis la chose est devenue concrète...
JP: Nous fêterons donc ça le 25 septembre au “Gueulard+” de Nilvange (57) avec beaucoup d’invités, ça va être beau ! Venez nombreux !!!
Rendez vous le 25 septembre à Nilvange !
Merci Alifair.
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