Vous êtes frère et sœur. Est-ce qu’il y avait beaucoup de musique chez vous quand vous étiez petits ?
Charlotte : Oui. Nos parents ont une culture musicale très "variétés françaises". Notre maman a joué du saxophone et notre papa a joué de l'accordéon durant de nombreuses années… et un vieux piano droit sonnait souvent à la maison. On a offert une guitare à notre papa et cette guitare a été rapidement plutôt utilisée par Benjamin et notre grand frère pour tester des morceaux plus actuels et internationaux. C'est comme ça qu'on a tous commencé à faire de la musique ! En famille !
Benjamin : Il y a toujours eu un goût prononcé pour les instruments et une certaine curiosité à l'égard de la guitare à la maison. Un peu tardivement, vers 15 ans, je jouais du Blink 182 sur la guitare classique de notre papa et je m'amusais à composer des bouts de morceaux au piano.
Quand avez-vous commencé à en faire ensemble ? C’était une évidence de faire de la musique ensemble, plutôt qu’avec des amis ?
Charlotte : Une évidence non, pas dès le départ, en tout cas pour moi, car on avait tous les deux un parcours musical distinct et une pratique différente de la musique. J’étais plutôt amatrice de reprises de pop internationale dans mes débuts, ce qui était bien loin de ce qu'aimait chanter Benjamin de son côté. Benjamin m'a rapidement proposé qu'on fasse de la folk ensemble et finalement ça a été une évidence, on partage beaucoup au travers de la musique.
Benjamin : On a commencé la musique ensemble aux débuts de Belle Vedhere, c'est à ce moment qu'on s'est dit "Mais nos voix marchent super bien ensemble !" et l'apprentissage de textes anglophones par Charlotte a beaucoup apporté pour l'écriture.
Ce n’est pas trop difficile de travailler “en famille” ?
Charlotte : Pas du tout, je trouve ça beaucoup plus simple ! On se connaît mieux que personne, on a grandi ensemble, on a la même histoire familiale, je trouve ça très précieux et authentique, et très riche pour écrire et composer des morceaux. On se dit les choses de façon très cash et on finit toujours par être d'accord ! Ce qui n'est pas le cas de tous les frères et sœurs, certes.
Benjamin : C'est un vrai plaisir et d'une fluidité déconcertante, on propose tout sans tabou, sans limite et sans crainte du jugement… Quand une proposition semble bancale, on se le dit tout de suite, sans chichi !
Est-ce que vous avez plutôt les mêmes influences (si oui lesquelles) ou est-ce qu’elles sont plutôt complémentaires ?
Charlotte : C'est Benjamin qui entretient ma culture folk ! haha ! Mes goûts ont évolué en grandissant, mais j'ai initialement plutôt une culture très pop/rock/variétés internationales. Je suis moins douée pour dégoter des trouvailles indie/folk, contrairement à Benjamin. On est donc plutôt complémentaires sur les influences, je crois.
Benjamin : Nos influences divergent mais nous avons la même curiosité musicale. Moi, ma révélation, c'est Fleet Foxes en 2008, un groupe qui allie des harmonies de voix incroyables et des sonorités de guitare grandioses. Je cherche avant tout la musicalité, l'émotion et la dynamique dans les morceaux… L'indie folk offre tout ça à la fois, avec comme base la guitare et la voix.
Quel est le rôle de chacun dans Belle Vedhere ?
Benjamin : Je compose, j'écris et arrange les morceaux en guitare/voix, je pars toujours d'un riff de guitare, qu'il soit simple ou plus élaboré, je cherche le gimmick qui m'évade et permet de poser les voix. Ensuite j'écris par-dessus, je commence par un bout d'histoire...
Charlotte : Je donne mon avis sur les compositions de Benjamin, on fait les modifications ensemble, idem sur les textes que l'on (re)travaille ensemble. J'apporte plutôt les arrangements vocaux : les harmonies, les intentions, etc. Ensuite, on gère tous les deux la production du projet avec l'aide d'un entourage pro et bienveillant : booking, communication, visuels, etc.
Vous allez sortir un très bel EP à la rentrée. Comment le présenteriez-vous ?
Benjamin : Ce deuxième EP est plus collégial, plus électrique… Cracked Floor peut se définir comme une fresque romanesque, une montée en puissance, du picking de la folk aux textures électriques, déroulant les thèmes universaux de la vie, l'espoir, la vieillesse et la mort. Nos voix entremêlées, l'une timbrée (Charlotte), l'autre feutrée (moi-même) et les arrangements aériens adoucissent la mélancolie de ce monde au bord du gouffre… mais toujours elle conclut avec l'espérance d'une existence transcendée par les jours heureux.
Charlotte : C'est un EP important pour nous car il marque un léger tournant indie dans notre projet. On est sur quelque chose de plus électrique, plus intense et doux à la fois. Les morceaux sont très portés sur la question de la famille, mais aussi sur des sujets plus durs qui nous tiennent à cœur : notre environnement et ce qu'on en fait. C'est un EP velouté et puissant à la fois, pour moi en tout cas. J'espère qu'il le sera aussi pour nos auditeurs.
Vous écrivez et chantez en anglais. C’est plus naturel qu’en français pour vous ?
Charlotte : Pour moi oui ! J'adore l'anglais, j'ai presque toujours chanté en anglais, le français est plus complexe en mon sens notamment pour les harmonies de voix, et je trouve que ma voix se prête plus à l'anglais pour ses rondeurs, son souffle...
Benjamin : Après avoir exploré des textes en français pendant plus de 10 ans, je voulais m'essayer à l'anglais et le style folk, très anglophone tout de même, m'a attiré vers la langue de Shakespeare.
Avez-vous travaillé juste tous les deux dessus ou d’autres personnes ont-elles également travaillé sur le projet ?
Benjamin : On se présente comme un duo mais sommes entourés de vaillants musiciens, Antonin Rubatat à la basse, David Ferreira à la guitare, au synthé et chœurs et tout récemment Vincent Pedretti à la batterie. Le 2e EP se veut plus collégial et surtout plus spontané dans les arrangements. On apporte la colonne vertébrale des titres, l'histoire, une émotion, et ensemble on aboutit au résultat final.
Charlotte : On est très heureux d'être si bien entourés !
Avez-vous une anecdote sur la création de ce disque ?
Benjamin : Le titre « Come Back Tomorrow » est un bout de phrase prononcé par guide indonésien sur l'Île de Java pendant un voyage… Après des inondations empêchant de grimper au sommet du volcan Ijen, il n'avait de cesse de répéter cette phrase… au point d'en écrire une chanson sur la fin du monde. Merci à lui.
Est-ce qu’il y a une des chansons que vous aimez particulièrement et pourquoi ?
Charlotte : C'est vraiment difficile de choisir, mais je vais choisir "Come Back Tomorrow", parce que c'était à la base un morceau sur lequel j'avais de gros doutes, je le boudais presque en studio car on avait du mal à trouver un arrangement qui nous semblait idéal, avec nos musiciens. Puis, en studio, la magie a opéré (le talent des gars surtout !), et c'est presque mon préféré maintenant : il est très intense et j'adore l'interpréter !
Benjamin : J'aime beaucoup les arrangements de « I'll Make A Place Called Home For You One Day », il me remémore un moment très spécial dans ma vie, l'attente de mes filles...et puis le clip a dépassé les 50 000 vues !
Le clip du titre "I'll Make A Place Called Home For You One Day" a été tourné en Espagne. Pourquoi ce choix ?
Benjamin : Du pur opportunisme et surtout une question de budget… Notre ami Julien Surdeau vit à Madrid et avait repéré ce lieu, un parc grandiose dans le style californien, gratuit, à 40 minutes de la ville, vols low-cost, logement gratuit et tapas pas chers … Les conditions logistiques étaient réunies pour faire de belles images (rires) !
Dans quelle formation est-ce que vous présenterez ces chansons sur scène ?
Charlotte : On propose un format en trio mais nous ne jouerons pas tous les morceaux du set à trois parce que certains morceaux livrent tout leur potentiel uniquement à cinq ! Cet EP sera plutôt à apprécier en quintet !
La scène, c’est quelque chose que vous aimez ?
Benjamin : C'est une grande joie que de s'exprimer sur scène et partager son travail, ses émotions...
Charlotte : J'avoue avoir un goût très prononcé pour le travail en studio, j'adore ça, mais évidemment j'adore faire de la scène aussi : c'est une vraie communion avec les musiciens et le public, et on rigole aussi beaucoup...!
Avez-vous déjà des dates de concerts prévues d’ici la fin de l’année (à partir du 1er octobre) ?
Charlotte : Nous jouerons le 7 octobre à Argenteuil, puis une Release Party de l'EP se prépare en novembre. Pour le reste, le booking est en cours et toutes les actualités seront sur nos réseaux, n'hésitez pas à nous suivre ! (Instagram : @bellevedhere)
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