Après avoir sorti fin septembre son album KEROSENE, Rose a sorti début octobre le livre du même nom.
Je n’ai jamais chroniqué un livre avant aujourd’hui, mais celui là, c’est spécial. Déjà parce que c’est celui d’une artiste que j’apprécie particulièrement, ensuite parce qu’il est également raconté en chansons sur un disque, mais surtout, parce que je pense que c’est un livre important. Un de ceux qui peuvent aider voire sauver des gens. Un de ceux qui peuvent rendre aussi plus tolérant envers les autres et envers soi-même. Écrire un livre, c’est quelque chose. On connaissait déjà sa très belle plume avec ses chansons et on la retrouve dans ce livre. Quand elle écrit, on est happé par l’histoire. J’ai ouvert le livre un jeudi, en début d’après-midi. J’ai l’ai lu d’un seul trait.
Dans ce livre Rose raconte son histoire, ses douleurs, ses addictions et son combat pour garder l’envie de vivre. Quel courage il faut pour se livrer aussi sincèrement… Elle met noir sur blanc sa réalité, celle qu’elle a vécu pendant des années sans que la majorité des gens ne s’en rendent compte.
L’album commence par un constat, celui qu’il faut admettre. “Il faut remonter le temps, toujours, pour comprendre le présent. Il faut accepter de faire du ménage pour mesurer l’ampleur des dégâts. Il faut s’asseoir un moment pour réaliser que, de toute façon, on ne tient plus debout que machinalement, artificiellement, frénétiquement. On ne tient plus debout que mensongèrement.”
Dans le livre, page après page, elle raconte son enfer. Elle met des mots sur ces (ou ses) souffrances. Elle ne s’épargne pas, jamais. “J’aurais préféré avoir des excuses, pouvoir déverser ma culpabilité sur des souvenirs douloureux. J’aurais su quoi en faire, moi, des modèles parentaux boiteux et des histoires de famille tordues.”
Pendant des années, elle va vivre la nuit, faire la fête tous les soirs, boire, prendre de la coke… “J’ai eu besoin de strass, de paillettes. De trash, de failles, de fêtes. J’ai toujours pensé que si l’on ne brille pas, on s’éteint…” Finalement, ce sont tous ces excès qui l’ont éteinte… “Lorsque l’envie de vivre disparaît, inéluctablement, l’idée de la mort vient rôder. Et lorsque l’idée de la mort vous happe, elle ne vous lâche plus. Lorsque la culpabilité, l’ennui, la solitude, l’addiction ne forment plus qu’un tout, comme un nuage de fumée noire, on risque l’asphyxie, on étouffe, le palpitant s’emballe.”
Les épreuves à traverser sont difficiles et les batailles ne se gagnent pas du premier coup, mais chaque étape passée est un pas de plus pour réussir. “J’ai livré un combat à l’aveugle, puisque mes démons n’avaient pas de forme. Pas de nom. Pas de raisons d’exister. Il a fallu les trouver, les nommer, accepter leur présence. Et puis j’ai fabriqué du ciel au milieu des ténèbres. Et ça m’a rendue fière. Alors j’ai continué. Et on m’a tant aidée que je n’avais d’autre choix que de ne pas décevoir. Et j’ai eu envie d’écrire. Et j’ai eu envie de vivre. Il va bien falloir expliquer pourquoi. Et c’est justement ça, Kérosène. C’est justement ça.”
Avec ce livre, Keren alias Rose donne un véritable message d’espoir. Elle prouve que c’est possible. Que même quand la chute (et peut importe la chute) a été longue et profonde, on peut se relever. Qu’on peut apprendre à s’aimer et à aimer la vie telle qu’elle est. “Je ne veux plus briller, mais exister. Et exister, c’est tout l’inverse. C’est être éclairée de l’intérieur.”
Comme beaucoup j’ai découverte Rose avec “La liste”, mais à cette période-là, je n’en avais pas écouté plus. Je l’ai réellement découverte sur le concert d’une autre artiste qui l’avait invité à faire un duo. Quelque chose m’avait tout de suite touchée chez elle. J’ai été la voir en concert quelques semaines après (pendant la tournée de son 3ème album “Et puis juin”), et ma première impression s’est confirmée et amplifiée à l’écoute de ses textes. À cette période sa musique m’a fait particulièrement de bien et m’a fait acheter ma première guitare. J’irai souvent la voir sur cette tournée et sur la suivante aussi. Ses concerts avaient un effet “guérisseurs” sur moi. On s’est souvent croisé et elle a souvent été profondément bienveillante. Elle ne le sait pas, mais elle m’a un jour dit deux phrases, qui à ce moment précis, m’ont fait beaucoup de bien. Il y a des choses qu’on oublie pas et qui créent un lien particulier. Évidemment il y avait les jours avec et les jours sans, mais ça c’est le cas pour tout le monde. Je ne pouvais sûrement pas savoir ce qu’elle vivait, mais à travers ses textes, sa sensibilité et ses réactions, la douleur était évidente et omniprésente. On a tous des blessures et on fait tous comme on peut avec. Mais quand on ressent cette douleur chez quelqu’un d’autre, on se sent terriblement impuissant.
On m’a demandé si les révélations et la part d’ombre dévoilées dans ce livre m’avaient déçue ou choquée, mais bien au contraire, je suis soulagée et heureuse pour elle. Parce qu’au-delà de l’artiste, j’apprécie profondément la personne. Parce qu’elle se prouve chaque jour qu’elle est de plus en plus forte. Parce que c’est beau d’arriver à faire tout ce chemin. Parce qu’elle a osé mettre des mots sur des maux “tabous”. Parce que c’est beau, de voir quelqu’un vaincre ses démons. Parce qu’elle donne de l’espoir et du courage. Parce que je me sens chanceuse d’avoir croisé sa route et que je sais que ses mots et sa musique m’accompagneront encore longtemps.
Ce livre s’adresse à tout le monde et apportera quelque chose à chaque lecteur. Parce qu’on a un moment ou à un autre, on retrouve dans son histoire, dans ses émotions, quelque chose qui nous ramène à notre histoire. Ce livre, il est comme sa musique. Il guérit.
Rose présentera KEROSENE sur scène dès la semaine prochaine à Paris, puis sera en tournée en 2020.
Site internet: rose-lesite.fr Le Blog: www.rose-leblog.fr Page Facebook: www.facebook.com/RoseOfficiel
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